Cambrésis Terre d'Histoire fête ses 10 ans
Le Moyen Âge

Une situation géopolitique mouvementée (843-1000)
Une arrivée légendaire : Clodion, chef des francs saliens, quitte les bords du Rhin vers 418 pour s'emparer de Cologne et de Trèves et se rendre ainsi maître des deux rives rhénanes. Ensuite, il pousse son avance jusqu'à la Somme et parvient à Cambrai vers 424.
Après la prise des villes de Tournay, de Bavay, d'Arras et de Thérouanne, Clodion fait envoyer des espions à Cambrai et apprenant la faiblesse de la garnison romaine fait lever de plus grandes troupes pour venir l'assiéger. Il séjourne dans la ville et y fait égorger tous les romains qui s'y trouvent. Une fois la victoire assurée, Clodion se fait acclamer roi de Cambrai. Chassé de la ville par Ætius, chef de la milice des Gaules, il passe ensuite un traité avec lui. Il est le père (?) de Mérovée, lui-même père du roi Childéric, lui-même père du fameux Clovis. En 509, le dernier roi de Cambrai, Ragnacaire qui a trahi son cousin Clovis meurt sous les coups de la hache royale (Revue n° 16).
Voici les frontières du Cambrésis médiéval comparées à celles de l'arrondissement actuel de Cambrai. Suite à un refus de prestation d'hommage du châtelain d'Oisy à l'évêque de Cambrai en 1336, 33 villages dans la zone occidentale sont rattachés au nouveau comté d'Artois (Revue n° 19).
Le castrum et les églises de Cambrai.
Maxellende est née au milieu du VIIe siècle dans la villa calderiacensis (Caudry). Elle est promise au fils du seigneur de Solesmes, Harduin d'AMERVAL. La jeune fille franque doit se rendre au placitum (assemblée des familles où la dot était versée, les fiançailles prononcées et le mariage inéluctable). Mais depuis un certain temps, Maxellende se consacre au service du Christ. Comme elle se dérobe continuellement, le prétendant vient à Caudry pour enlever sa fiancée qui se cache vainement. Découverte, Maxellende refuse de se soumettre, alors Harduin la tue de son scramasaxe le 13 novembre 670. Le 1er novembre 673, l'évêque de Cambrai Vindicien procède à l'élévation de la dépouille de Maxellende pour la ramener à Caudry. Lors de la consécration de la basilique de Sainte-Maxellende en 1890, la chasse de la sainte est placée dans le transept droit de la nouvelle église (Revues n° 7 et 8).
Attaque d'une motte castrale. Toile de la conquête dite "tapisserie de Bayeux", scène 19. Au premier plan, on voit deux assaillants qui tentent d'incendier la palissade de la tour. On remarque que l'accès à la motte se fait à l'aide d'une passerelle enjambant le fossé.
Un village carolingien a été reconstitué aux Rues-des-Vignes. À partir de repérage de trous de poteaux, l'Archéo'site de Rues-des-Vignes sur le site de l'ancien village de Vinchy, à 10 km de Cambrai, offre aujourd'hui à tous visiteurs des propositions de restitutions d'habitats carolingiens et post carolingiens.
Il s'agit de maisons d'habitations bâties sur une armature de poteaux en bois d'environ 6 m sur 4 à 5 de largeur. Les planchers sont constitués de tares de bois chevillées sur des poutres transversales simplement posées sur terre. Des rigoles de 30 à 40 cm de large séparent les bâtiments d'habitation et découpent des parcelles contenant chacun une maison fermées par un clayonnage, des fonds de cabane et des fosses. Les fonds de cabane sont parfois creusés jusqu'à 1.20 m de profondeur. Ce sont des granges, greniers ou ateliers avec parfois escalier de descente. Ce premier niveau peut également servir à abriter des animaux procurant un apport de chaleur non négligeable pour la partie haute habitable. Autour de ces habitations viennent se greffer des constructions annexes (four domestique, étable, atelier, grange) (Revue n° 25).
En 941, le roi de Germanie Othon Ier renouvelle le privilège d'immunité de l'église de Cambrai et accorde à l'évêque Fulbert le tonlieu et la monnaie sur la moitié de la ville. En 948, le roi de Germanie Othon Ier profite de la mort du comte Isaac pour concéder à l'évêque Fulbert les droits comtaux sur la ville de Cambrai et en 991, l'empereur Othon II confirme les privilèges de l'église de Cambrai. Peu à peu une principauté ecclésiastique se met en place (Revue n° 19).
L'empereur donne l'investiture à un évêque (miniature du XIe siècle).
Othon II (973 - 999). Autour de l'empereur, les femmes représentent les nations (Slavonie, Germanie, Francie et Rome).

L'apocalypse de Saint-Sever.
L'an mille : Au XIXe siècle, l'historien MICHELET affirme qu'à la fin du Xe siècle la croyance générale était à la fin du monde prédite pour l'an mille de l'incarnation. Cependant, tous les textes montrent que cette période a été exempte de toute panique (Revue n° 25).
Portrait de Liébert, évêque de Cambrai, qui entreprend un pèlerinage à Jérusalem en 1054 (Iconographie des évêques de Cambrai).
Dès 1054, Liébert, évêque de Cambrai, entreprend un voyage en Terre Sainte et fonde à son retour l'abbaye du Saint-Sépulcre à Cambrai. En 1096, Anselme II de Ribement, châtelain de Valenciennes organise (?) un tournoi à l'ombre de l'abbaye d'Anchin pour encourager les chevaliers des régions septentrionales à prendre la croix et à aller en Palestine. Parmi les 300 chevaliers, 77 chevaliers du Cambrésis (?) se retrouvent dont le fameux Reimbold Creton d'Estourmel qui est le premier (?) le 15 juillet 1099 à monter à l'assaut des murailles de Jérusalem (Revue n° 23).
Le 1er août 1132, saint Bernard installe 20 moines dans le domaine inculte et sauvage de Ligescourt qui a été donné par Hugues II d'Oisy, châtelain de Cambrai. Les moines y bâtissent une abbaye qu'on appelle Vaucelles (Vallis Cellæ = cellules dans la vallée). L'immense église abbatiale consacrée en 1235 est détruite en 1793, les murailles édifiées au XIIIe siècle sont détruites en 1543 et l'abbaye de Vaucelles vendue comme bien national en 1792 est très endommagée en 1918. Rachetée par des particuliers en 1971 et restaurée progressivement, elle connaît aujourd'hui un grand rayonnement touristique (Fermes et fermiers de l'abbaye de Vaucelles de 1132 à nos jours).
L'abbaye cistercienne de Vaucelles.
Chapelle du refuge de l'abbaye de Vaucelles à Cambrai, dédiée à saint Bernard (Fonds DELCROIX, Photothèque de Cambrai).
En 1238, Guy, évêque de Cambrai, donne l'autorisation à l'abbaye de Vaucelles d'ériger une chapelle dans leur maison de Cambrai appelée Vaucelette. Cet imposant édifice comprend aujourd'hui le n° 6 (l'ancien monastère des Clarisses) et le n° 8 (école Notre-Dame) de la rue Vaucelette (Revue n° 11).
Au hasard des salles de l'abbaye, des graffiti ont été tracés au fil des ans par des personnages, religieux ou laïcs, pauvres ou riches qui nous les ont légués en témoignage de leur passage. Humbles dessins, imparfaits, incomplets, mutilés, ils ont été relevés par M. Jean-Claude LAMAND en 1993 (Revues n° 5, 6 et 7).
Vers 670, Amalfride et son épouse Childeberte, d'Hunulfi Curtis (Honnecourt-sur-Escaut) convaincus des grands principes de la religion chrétienne accueillent sur leurs terres quelques moines irlandais et encouragent la création d'une abbaye double (hommes et femmes) en convertissant à l'usage des moines la maison d'habitation d'une de leur villa. Le monastère vit sous la règle de Saint-Colomban et est placé sous la dépendance de Saint-Bertin, évêque de Sitthiu. Ravagée par les Normands vers 881, incendiée par les Hongrois en 953, l'abbaye d'Honnecourt devient bénédictine et est reconstruite à la fin du XIe siècle.
L'ancienne abbaye d'Honnecourt construite au VIe siècle, reconstruite au XIe siècle est détruite en 1793. Au XIXe siècle, il ne subsiste que la tour romane de l'église abbatiale (Lithographie signée DELVINCOURT) (Honnecourt-sur-Escaut : Histoire et cadre de vie).
Les féodaux
Sceau de Gauthier d'Honnecourt, type équestre (1184). "Curieusement appliqué aux soucis militaires et plus occupé de vanité que de crainte de Dieu, comme j'avais quelques unes des terres de Vaucelles sujettes au droit de terrage, je leur ai remis ce droit et par le rameau et la motte de gazon placés sur l'autel de leur église, je leur ai offert solennellement, devant l'assemblée entière des moines en l'an du seigneur 1183 au mois de mai" (Honnecourt sur Escaut : Histoire et cadre de vie).
Sceaux de Gérard de Saint-Aubert en 1185 (collection M. Philippe BARBET).
La guerre de Cent Ans (1337-1453)
En septembre 1339, l'armée du roi Édouard d'Angleterre assiège Cambrai et commet de nombreuses exactions dans le Cambrésis. Les villages d'Esnes, de Beauvois, de Rumilly, de Masnières, de Marcoing, de Malincourt, de Villers-Outréaux, d'Épehy et d'Havrincourt sont ravagés par les Anglais qui "enforchois femmes gisant d'enfans, femmes mariées et bonnes filles, et aux josnes enfants copoient à l'ung un pied, à l'autre ung poing, à l'autre les oreilles, aux aultres le nez, et à aulcuns cervoient les yeux et disoient ché pour che qu'il vous souvienne que le roy d'angleterre et les anglois ont esté en cambrésis" (FROISSART) (Honnecourt-sur-Escaut : Histoire et cadre de vie).
À l'été 1340, le château de Thun-l'Évêque sert de place forte et de théâtre à la terrible bataille qui s'y déroule entre le comte de Hainaut, les milices valenciennoises et le duc de Normandie (Revue n° 2).
|